XVI DCLX, explorer les limites du réel

XVI DCLX, explorer les limites du réel

De nombreux naturalistes représentent de manière très réaliste des animaux existants et le font très bien, ce qui intéresse Xavier Decloux, c’est d’inventer des animaux fantastiques.
Car les chimères sont ambivalentes et il aime explorer les limites du réel.
D’un côté, ce sont des animaux de contes de fées, de légendes pour jouer à se faire peur mais l’aspect rigolo demeure, on est là dans le merveilleux, le fantasque, le « il était une fois ».
D’un autre côté, à l’heure de la génétique et du transhumanisme qui avance ses pions, les chimères existent dans les laboratoires et c’est beaucoup plus inquiétant. Les savants fous concoctent des espèces hybrides et OGM avec toujours plus de risques. C’est pour tenter d’exprimer ces deux faces des chimères que les dessins que Xavier réalise sont souvent ambigus.
Les dieux égyptiens, le Minotaure, l’Hydre et le dragon sont des chimères. Les manuscrits médiévaux en sont truffés : de l’Orient à l’Occident, des mayas avec le serpent à plume jusqu’au yéti de l’Himalaya, toute l’histoire des humains est associée aux êtres cryptiques.
Et toutes ces traces sont des dessins, des gravures, des descriptions écrites, c’est pourquoi Xavier ne cherche pas un rendu hyper réaliste. Il aime coller son dessin sur du bois comme une icône ou une gravure ancienne, donner une patine comme si ça sortait du fond des âges.

Ce travail d’atelier permet donner du volume aux animaux, de passer en trois dimensions en réalisant des sculptures, des assemblages, de faire prendre corps aux chimères avec des matériaux de recyclage glanés un peu partout. Ainsi un engrenage trouvé dans une grange est le point de départ d’un « poisson volant mécanique », mi-sculpture mi-automate. Un vieux morceau de lustre et des isolateurs en porcelaine avec du bois de palette se transforment en « oiseau de luxe ». De la toile de treillis et du bois de réemploi deviennent un « dragon/drakkar ». Il n’y a pas vraiment de règles, c’est parfois la matière qui donne l’idée et c’est parfois l’idée qui rencontre les bons matériaux.